Regard sur l'estuaire #9 - La ressource en eau dans l'estuaire de la Seine
L’eau est omniprésente sur le territoire de l’estuaire de la Seine et s’y retrouve sous toutes ses déclinaisons. Le fleuve et la mer s’imposent de manière magistrale. Mais les eaux souterraines, les autres cours d’eau et zones humides nous rappellent la fragilité de cet écosystème singulier et l’enjeu que constitue la qualité de cette ressource.
Nombre de cours d'eau qui traversent le territoire
% d'infiltration de l'eau de pluie
Une ressource fragile à protéger
Dix aquifères constituent le socle du territoire de l’estuaire, dont 9 sont des nappes libres. Bien que l’état chimique des eaux souterraines s’améliore légèrement depuis plusieurs années, leur qualité reste préoccupante. Les eaux situées sur le littoral sont globalement de bonne qualité chimique et écologique. Celle-ci reste relative si l’on intègre plusieurs indicateurs biologiques de santé des écosystèmes marins et estuariens ou encore les substances dites ubiquistes (substances à caractère persistant, bioaccumulable et toxique, à l’exemple du mercure).
Si l’état chimique de l’estuaire de la Seine s’est amélioré entre 2019 et 2022, son état écologique reste encore fragile au regard des indices de la faune aquatique (poissons et invertébrés).
Définition : Les aquifères sont des réservoirs d’eau naturels et souterrains. Lorsqu’un aquifère est délimité dans sa partie supérieure par des roches perméables, la recharge de la nappe peut se faire principalement avec les précipitations hivernales. On parle de nappes libres. Lorsque le sommet de l’aquifère coïncide avec la surface du sol, on utilise le terme de nappe phréatique.
Une eau de surface omniprésente
107 cours d’eau traversent le territoire de l’estuaire, sur tout ou partie de leur linéaire. Alimentés par les nappes d’eau souterraines et par les précipitations, ils totalisent 1 560 km de linéaire. Ce réseau hydrographique est particulièrement présent au sud de la Seine. 57 % des cours d’eau sont en bon état écologique en 2022, soit près de 47 % du linéaire total des cours d’eau. Ce chiffre tombe à 35 % des cours d’eau si l’on considère le bon état écologique et chimique.
Les ruissellements, accrus par l’imperméabilisation des sols et les rejets d’eaux pluviales directement dans les cours d’eau, impactent cependant cette qualité. Les projections du changement climatique convergent vers une tendance à la baisse des débits et des hauteurs des cours d’eau, aussi bien en fréquence qu’en intensité, ainsi qu’à une diminution de la recharge des nappes souterraines.
Des ressources en eau insoupçonnées
Surface située en zone humide : 8,3 % (soit 509km²) du territoire de l'Agence
Le territoire de l’estuaire de la Seine dispose de nombreuses zones humides, particulièrement au sud de la Seine. Les mares, très présentes sur le plateau de Caux, complètent efficacement ce réseau aux fonctions hydrologiques et écologiques essentielles. Elles accueillent une biodiversité riche et singulière. Elles contribuent au maintien et à l’amélioration de la qualité de l’eau et elles régulent les régimes hydrologiques en absorbant momentanément l’excès d’eau de pluie pour la restituer progressivement dans le milieu naturel. Elles diminuent ainsi l’intensité des crues et soutiennent les débits des cours d’eau en période de sécheresse.
Des prélèvements qui fragilisent cette ressource
De très nombreux captages en eau potable maillent le territoire de l’estuaire de la Seine. Ils disposent de périmètres de protection pour garantir la sécurité de l’approvisionnement : protections immédiate, rapprochée et éloignée. Les prélèvements d’eau potable connaissent des évolutions contrastées suivant leurs usages.
Depuis 2020, la consommation d’eau potable pour les usages domestiques tend à se stabiliser, voire baisser, pour atteindre 149 litres d’eau potable par jour et par habitant. Principalement utilisés pour l’irrigation, les prélèvements d’eau pour les usages agricoles sont très dépendants des conditions climatiques saisonnières. Ils restent cependant marginaux comparativement aux usages dédiés aux activités économiques et à l’industrie. Les prélèvements industriels se stabilisent depuis 2020 à hauteur d’environ 90 millions de m3. À noter : les zones industrielles et portuaires du Havre et de Port-Jérôme-sur-Seine sont principalement alimentées par la Seine.
La ressource en eau semble abondante sur le territoire de l’estuaire. Cette apparente omniprésence ne peut cependant cacher une préoccupation croissante quant à sa qualité et à sa disponibilité. Les usages agricoles et industriels devraient s’accroître, en lien avec la multiplication d’épisodes de sécheresse et les besoins induits par la réindustrialisation. Par ailleurs, l’élévation du niveau de la mer et la salinisation de la Seine associée pourraient peser sur la quantité et la qualité de l’eau disponible.
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